Chaz. C'que j'aimais ce gars. Pas comme on aime d'amour, non, plutôt comme on aime d'amitié. Il était gentil, il m'écoutait, il s’intéressait même, bref, un parfait meilleur ami. Je l'avais vu dans la journée, mais pendant un bref instant. Les cours avait pris la majeure partie de la journée et la journée fut très longue et très chargée en cours, alors au soir, j'ai préféré simplement dormir plutôt que de tenter de trouver une quelconque fête. Si j'avais su que je reverrais Chaz si tôt..
Je m'étais endormie assez rapidement, faut dire qu'en enchaînant les soirées, on récolte rien de mieux que la fatigue. Je m'étais écroulé, comme ça, dans mon lit. La nuit fut même agréable, au début.. et puis.. le voici le voilà, le fameux. Je grogne, je bouge, me débat contre ma couverture, qui d'autre ? Ce même cauchemar, encore et toujours celui là. Persistant, résistant. Je suis certaine que c'est encore un coup d'Enaël, qui est entré en douce pour me faire peur durant mon sommeil. Il en est bien capable, j'en suis certaine. Je me réveille en sursaut, le corps chaud, le souffle fort. J'aurais bien pu aller jusque la chambre d'Enaël et déverser ma colère sur lui, mais à quoi bon ? Je sais que ce n'est pas lui. Je sais que c'est moi-même, qui fait ce même rêve affreux, encore et encore.
Je me lève du lit et va vers les salles de bain, passer un coup d'eau sur mon visage. Je tente de me rassurer, de reprendre mon souffle, mais rien n'y fais. Je cède finalement. Je vais vers cette chambre, celle de Chaz. J'entre dans le silence le plus complet, et entre dans son lit doucement, tel un félin qui viens ce blottir contre son maître. Je me glisse sous la couette et me colle contre lui. C'est fou ce qu'une odeur peut être rassurante, et en l'occurrence, quand c'est quelqu'un de confiance, ça rassure énormément. Mon bras passe autour de lui, et je me rassure, loin de mes cauchemars. Je le sens bouger un peu, forcément, je l'ai réveillé. « c'est moi.. juste moi.. tu peux te rendormir.. » murmurais-je, j'ai juste besoin d'un nounours. Juste besoin de quelqu'un contre moi ce soir, et qui d'autre peut faire ça mieux qu'un meilleur ami ?

« Je ne dormais pas. », je pensais que oui. Je me demandais pourquoi lui n'arrivais pas à dormir.. peut-être que comme moi, il avait un cauchemar ? Je souris tout de même un peu à sa réponse, parce qu'il ne me rejette pas, il ne me dis pas un méchant et froid « qu'est ce que tu fais là ? », non, il a juste sa petite voix rauque et fatigué qui me dis qu'il ne dort pas. Et moi, je souris, passant mon bras autour de lui, me collant contre son corps chaud. Le lit n'est qu'un lit une place, alors on fait comme on peut pour y tenir à deux, et en fait ça me rassure même encore plus d'être contre lui, et de pouvoir le serrer tout contre moi. Il se tournait, et là j'ai eu un petit temps de réaction. Pourquoi ? J'ai fais quelque chose de mal ? Il m'en veux de ma venue ? Je me pose soudainement un nombre improbable de questions, et je sens que ça me ronge, je sais que ça va me torturer affreusement. Je ne voulais pas qu'il soit fâché, pas lui, pas Chaz. Je reste quand même contre lui, même si mon emprise autour de son corps se desserre. « Tu as fait un cauchemar, Iska ? Si tu veux me le raconter, il paraît que ça aide... » je hochais la tête, simplement, comme s'il pouvait le voir alors que non. Face à Chaz, je me moquais d'être faible, parce qu'il me comprenais, et il ne se moquerais pas, oh non, Chaz était toujours très doux et très compréhensif. « j'ai.. encore rêvé de c'truc.. », j'avais confiance en Chaz, mais pas en ses colocataires, alors pour ne pas prendre de risque, ma voix était au plus bas possible, presque inaudible. « tu sais.. tous ses gens qui me hurle que j'suis un monstre et.. même ceux que j'aime.. et ils sont là à vouloir.. me faire du mal alors que j'ai rien fais.. », je resserre mon emprise, sans même en prendre conscience, « ils disent des choses affreuses.. », c'était ça, mon cauchemar. Être là, parmi les gens, bousculée, détestée, se sentir comme indésirée, un simple monstre, un être qui ne devrait pas exister. Peut-être que je ne devrais pas exister ? Et je vois ces gens, ma famille, mes amis, tout mes proches, même Chaz parfois faisait des apparitions parmi la foule.. à hurler des choses, des mots qui font bien plus mal que n'importe quelle douleur physique. La solitude, et le monde entier contre soit, c'est ce qu'il y a de pire. Je me colle contre son dos, et enfouis mon visage dans sa nuque. Son odeur me rassure, à mon Chaz. Il sera toujours là, pas vrai ? Je murmurais doucement, « et toi.. ? Pourquoi tu dors pas.. ? », je reste tout contre lui, au chaud. Je ne sortirais pas avant demain matin, pas avant d'avoir passé une nuit bien reposée à ses côtés, rassurée, acceptée, aimée. « t'a fais un cauchemar aussi.. ? ».

 « Tu devrais avoir plus confiance en toi, Iska. Tu es une personne géniale, tu n'as pas à avoir peur qu'on te déteste. Je serai toujours là pour toi, t'as pas à t'en faire. Même si ça devait arriver, je serai toujours là pour toi. Tu ne seras jamais seule. », il était toujours comme ça, Chaz. Toujours rassurant, toujours à être gentil et doux, et je ne comprenais pas pourquoi. Pourtant, je le voyais parfois agir avec les autres, et il était loin d'être aussi doux. Peut-être que j'ai réussi à dompter la bête que personne n'a réussi auparavant ou encore maintenant ? Ou alors il avait décidé de m'adopter, lui, tout seul, sans que je n'ai besoin de faire quoi que ce soit. Aucune idée. « Non, je n'arrive juste pas à m'endormir. Je n'arrête pas de penser à ce qui m'arrive depuis que je suis ici. Je n'ai pas l'habitude de voir autant de monde, tu vois, je me suis toujours terré dans mon petit château loin des gens. Ça me perturbe. » je souris un peu. Ouais, ici, ça change de chez nous. Qu'on vive dans une grande ville ou bien en pleine campagne, ça change tout le monde. On se retrouve dans un coin vide, un peu comme dans un internat en fait. C'est assez déroutant, mais on rencontre des gens qu'on n'aurait jamais pu connaître pu connaître ailleurs, comme moi avec Chaz, par exemple. « et.. qu'est ce qu'il t'arrive.. ? J'veux dire.. qu'est ce qui change tant.. ? », après tout, Chaz, je le connaissais pas si bien que ça. Je connaissais le principal, mais je ne savais rien sur sa vie d'avant. Je me décollais un peu de lui et murmurais, « Chaz.. », ça se présentait comme une demande, comme une future demande qui allait arriver, et c'était ça. « tourne toi s'il te plaît.. j'ai l'impression que tu m'fais la tête là.. », et je veux pas que tu me fasse la tête. Ou alors si c'est le cas, il pourrait me le dire, histoire que je sache ce que j'ai fais de mal. C'est vrai que de vue extérieur, ça semblait étrange parce qu'on était un garçon et une fille qui dormait ensemble, dans un même lit, lui en boxer et moi en débardeur et en short uniquement. Certes, ça pourrait faire bizarre à plus d'un, mais entre Chaz et moi c'était différent. « J'veux être dans tes bras.. pas contre ton dos.. », je souriais, un peu tristement. Je suis venue dans la nuit, mais il aurait pu m'le dire plutôt que de me bouder.

« Avant, j'avais ma chambre à moi, je me levais quand je le voulais, on me servait les plats que je désirais, et je passais mes journées à me détendre. Ici, je suis censé travailler, partager ma chambre et respecter tout un tas de foutues règles. » Je hochais la tête. Elle était bien sa vie, à lui. J'avais eu le droit à une chambre à partager avec mes sœurs -nombreuses- et je faisais la vaisselle, aussi. Chose que je ne fais pas ici. Moi, j'aimais plutôt la vie ici. Les règles sont plutôt cool et puis j'ai rencontré pleins de personnes qui au fil du temps, sont devenus des amis. C'est vrai que le changement de vie doit lui faire un peu bizarre.. mais il était là pour son bien. Il allait apprendre à contrôler sa capacité, et ce serait mieux pour lui. J'avais simplement hoché la tête, parce que je ne voulais pas qu'il se sente oppressé par moi, ni même par mes questions. Alors je lui demandais de se tourner, parce que je voulais être vraiment contre lui, pas contre son dos. Autant que j'aille m'allonger au pied du lit, dans ce cas.  « Mais je te fais pas la tête, c'est juste que ça me paraissait plus confortable comme ça... » « ça l'est pas.. », j'avais répondu rapidement, mais la réponse restait tout de même douce. Je n'étais pas agressive, jamais avec Chaz. Je me moquais de l'être avec les autres, je l'étais même, mais pas avec Chaz. Il ne me mettait jamais en colère, il ne faisais jamais rien contre moi, et ce que j'aimais chez lui, chez nous. « Tu... tu tiens vraiment à ce que je te prenne dans mes bras ? Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... » J'entendais sa voix devenir bizarre, sans réellement comprendre pourquoi. « ça.. ça me rassurerais.. oui.. », je le regardais, attendant. Merde, allez quoi. Je veux mon Chaz contre moi. Je riais un peu, surtout nerveusement, « t'a peur que je te morde.. ? », à la limite, ça pourrais s'arranger s'il y n'y avais que ça. Je souris à cette pensée, n'importe quoi. Je passais ma main sur son épaule, essayant de le tirer un peu vers moi. « j'veux tes bras autour de moi.. et j'veux cacher mon visage dans ton cou.. »

Chaz était le seul contre qui je me sentais bien. Je me sentais bien avec d'autres aussi, mais Chaz, il était différent. Il me comprenais. Je pouvais lui raconter n'importe quoi qu'il restait toujours aussi intéressé, comme si je lui racontais mille et une merveilles. Je me sentais proche de lui, et l'idée qu'il m'en veuille me nouait littéralement l'estomac. J'étais très rancunière avec tout le monde, mais pas avec lui. Ce long soupire créa chez moi un mordillement de lèvre. Je l'agaçais ? Et voilà que les questions reprenaient. Je savais bien qu'il ne m'en voulais jamais, qu'il restait toujours là, tel un nounours. « Non, j'ai pas peur que tu me mordes, mais j'aimerais quand même dormir, tu sais. » J'hochais la tête. Oui, désolée. C'est vrai que je venais en pleine nuit et que ce n'était pas vraiment quelque chose de poli. Malgré sa phrase, il se tournait quand même. Comme quoi, ma technique de persuasion -ou les caprices- ça fonctionne plutôt pas mal ! Il ouvrait les bras et je me blottissais contre lui, comme je l'avais prévu de faire en passant le pas de la porte. Je restais contre lui, profitant de la chaleur de son corps. « Voilà, princesse. Vos désirs sont des ordres. » Je souris un peu et le regardais. « Merci Chaz. », merci monsieur parfait. Je pouvais sentir son souffle qui s'abattait contre moi, sa fatigue lourde, et son cœur, si je posais mon oreille près de son torse. Je me rendais compte que contre Chaz, tout allait bien. Je ne pensais pas aux problèmes qui se jouaient de moi, ni aux gens qui pensaient que j'étais un monstre, ni à tous ses imbéciles qui riaient derrière mon dos. Là, il y avait juste Chaz et moi. En tout bien tout honneur, évidemment. Le mot « princesse » me bloque un peu, me fait rêver l'espace de quelque instant, avant de me laisser tomber dans la réalité. Je pose un léger baiser dans son cou, près de son menton, et souris un peu. « Dors bien.. », mes yeux se fermaient doucement, juste par symbolique. Il me fallait encore quelques longues minutes avant d'être totalement rassuré. « je suis.. je suis contente d'avoir un ami comme toi. », ou comment dire que je tiens à quelqu'un avec toute la fierté du monde. J'avais assez de mal à assumer mes sentiments, et je tenais réellement à Chaz. Je ne voudrais le perdre pour rien au monde, ce serait comme.. arracher un nounours des mains d'une petite fille de cinq ans.