White lips, pale face

 Cerbère and Iska

fiche par ©century sex  

Être seule, prendre l'air. Un instant, rien qu'un court instant. J'étais sortie de la bâtisse et j'avais avancé, toujours tout droit, jusqu'à la forêt. Sans savoir pourquoi, ni même sans raison particulière, le fait de voir des plantes, d'entendre le vent se faufiler entre les feuilles, ça me calmait. Je me sentais plus calme, plus détendue, mieux. Peut-être parce qu'il n'y en avait pas chez moi ? Tout ça, c'était assez nouveau quand j'y repense. Il y a cinq ans, j'aurais jamais cru pouvoir être ici, avec des gens presque tous comme moi, voire même certains pire que moi. J'avançais encore, et m'arrêtait un instant pour regarder autour. Comme c'est calme.. et vide. Je m’entraînais un peu à faire voler quelque feuilles en l'air, avec du mal. Un énorme bloc de terre se souleva et retomba aussitôt sur le sol, faisant un bruit dégueulasse et énormément de poussière. J'avançais le plus loin possible de cet endroit, comme ça, pas vu pas pris, et croisais un gars. Moi qui pensais être seule. Je m'approche de lui, demandant « tu t'es perdu aussi ou.. tu t’entraîne ? », aucune idée de ce que pouvais être sa capacité mais ici, il n'y avais pas grands chose à faire, à part se geler les.. ouais bref.  

Un ours, il est blanc, c’est mon ours. Il est doux putain, il est parfait. Il n’y a qu’à ça de bien que me sert mon handicap de m’approcher de ces magnifiques créatures incomprises. Les bêtes ici, c’est nous, c’est les hommes, franchement, on ira pas me dire que ce grand ours, céleste, blanc et moelleux comme un nuage, comme une merveille divine, ferait du mal à ces âmes étranges et dévastatrices, non j’crois pas. Je n’arrive toujours pas à accepter que je suis enfermé en Alaska, avec des personnes mentalement atteintes – ou des psychopathes –  et que depuis près d’une semaine, je m’amuse à risquer ma vie. Alors je prie, je prie Dieu très fort, trop fort à m’en déchirer le crâne de délivrances universelles. J’crois qu’il n’y a que cet ours qui veut bien de moi et il n’y a qu’à lui que je ferais pas de mal, contrairement à ces débiles que j’ai eu à rencontrer dans cet institut pour spécimens infernaux.  Mon ours il saute contre moi, se réfugie dans mes bras et me m’emmène à la renverse, apeuré par un bruit encore satanique. J’ai peur et j’m’inquiète. Mais, merde… C’est pas moi qui m’inquiète là, il y a quelqu’un... Quelqu’un. Mes sourcils se froncent alors que ma perle m’étouffe, alors je la repousse, elle est un peu trop chaude, trop chaude pour mon corps froid. Malgré tout, mon ours, que j’appellerais neige, donc Neige s’accroche à mon bras alors que j’me mets à trembler de froid, comme un téléphone en mode vibreur qui s’met à sonner. Elle approche, le petit monstre, elle est plutôt pas mal, mais bon c’est un monstre. J’apprécie pas trop ce genre de présence. « tu t'es perdu aussi ou.. tu t’entraîne ? » J’m’avale la salive, me rétracte et recule lentement. Elle est trop proche de moi. Elle n’a pas vraiment l’air capable de me tuer mais j’vois des enfants provoquer des explosions, détruire des âmes, je vais pas me livrer. Volontairement méprisant, mes yeux vides se lèvent encore contre elle, la juge de fond en comble, quelques secondes, ou quelques minutes. « Je pensais pouvoir être… seul. » D’idée un peu protectrice et courageuse, Neige se dresse devant moi comme un gros bras, comme un gros dur. Et une émotion bizarre me traverse, non j’ai pas l’habitude qu’on se jette dans les balles – ou devant cette fille, comme vous voulez – pour moi, ça m’plaît pas, ça m’énerve un peu. Alors j’le pousse, une deuxième fois, il est un peu triste, mais bon. Il y a pas de quoi faire peur à cette fille pour… pour moi quoi. « J’allais prier, avec Neige. » Pause, je lui accorde quelques mots, quelques phrases parce qu’elle à l’air bien belle dans sa tête, c’est tout. « Et j’ai rien à entraîner. »  

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 Cerbère and Iska

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Il a l'air bizarre, ce gars. Comme si il avait peur de tout, tout le temps. Peut-être que c'est de la faute de son don, peut-être qu'il ne le maîtrise pas. Peut-être qu'il ressens les peurs de toutes les personnes autour de lui, d'où son mouvement de recul alors que je m'approche. J'en ai strictement aucune idée en fait, mais je sais une chose, il n'est pas muet. « Je pensais pouvoir être… seul. » On pense tous pouvoir être seul en venant ici. Sauf qu'entouré de toutes ses personnes aux capacités innombrables, on est jamais vraiment seul. C'est ce qu'il fait le charme de l'endroit. Avant de venir ici, on pense tous qu'on est seul à être étrange, à se sentir différent et à réellement l'être, mais ici, on se sent tous normal, même que certains le sont plus que d'autres. Un ours est dressé près de lui, je devine alors rapidement que son don doit certainement avoir un lien avec les animaux. Leur parle-t-il ? Ce serait chouette. « J’allais prier, avec Neige. » je souris et regarde ce fameux Neige, levant ma main à son attention, « Salut Neige », je souris un peu, et mon regarde se tourne à nouveau vers ce garçon.« Et j’ai rien à entraîner. » je reste quand même à une certaine distance, parce que je suis bien consciente que je peux finir dévoré en morceaux en l'espace de deux minutes à peine, je pourrais bien sur me défendre mais je suis pas certaine d'être capable de soulever une masse de poids aussi grosse. Peut-être plus tard, mais dans le cas présent, ça risque de s’avérer compliqué. « tu prie.. ? Pourquoi faire ? », il n'y a pas de Dieu qui puisse te sauver de ton don, tu n'a plus le choix maintenant, et t'apprendra tôt ou tard que Dieu n'est qu'une déception. Une sorte de gars qui croit en lui, uniquement en lui, attendant qu'on fasse de même. Et nous, qui croit en nous ? Je le regarde, désolée pour lui plutôt qu'autre chose, et je laisse se dessiner un fin sourire sur mes lèvres. « c'est quoi, ton don ? », j'adresse un regard à ce fameux Neige et me risque à demander « tu parles aux animaux ? », ma supposition était peut-être vraie, qui sait.   

« Salut Neige. » Qu’elle dit la fille. C’est pas forcément une bonne idée de trimbaler un ours dans la forêt, s’il perd le contrôle, je le perds aussi, s’il se couche sur moi, je meurs étouffé.  Pour le moment, c’est clair qu’il n’a pas l’intention de me manger, ni de manger l’autre spécimen qui se tient maintenant devant, mais ne sait-on jamais ? D’ailleurs, elle est étrange cette fille, de son nez, jusqu’à ses lèvres. Ou plus loin encore, des yeux, jusqu’aux chevilles. Elle est un peu différente, physiquement, un peu spécial, oui, c’est bien beau. En gros, il n’y a que son front qui se soit comparable à ceux des autres, chez elle. Bien trop étrange, l’inconnue, pour qu’on soit saisi d’une envie de la mettre côte à côte avec une de vos « filles » banales et choisir laquelle est la mieux. Elle sera plus belle. Mais j’vais pas le lui dire, en plus, si ça se trouve, elle est télépathe. J’ai appris qu’ici c’est comme l’enfer, tout ce que tu dis se retourne toujours contre toi. J’aime pas parler, par pure flemme et indifférence frustrante, mais des fois ça me sauve de ces mots que très vite l’on regrette d’avoir soufflé. « Tu pries ? Pourquoi faire ? » Je sais qu’elle a un peu pitié de moi, et elle me fait un peu rigoler, la belle aux bois. D’un rire muet étouffé, d’un rire gauche bancal, sûrement pas très beau sur mes lèvres. Mais je réponds pas, sa question n’en vaut même pas la peine. « c'est quoi, ton don ? » Je la regarde toujours les yeux trop intensément rivés dans les siens, comme à mon habitude, elle n’a pas l’air d’avoir pigé que sa présence ne m’est pas très désirée, décidemment. « tu parles aux animaux ? » Je la sens un peu excitée à cette idée. Oh, j’aimerais, parler aux animaux. On me prendrait pour Satan, un peu. Ou à l’inverse, un messager de Dieu, je sais pas. Peut-être que si je parlais aux animaux, j’aurais su être encore plus discret. C’est mieux que l’empathie, en tout cas. Le meilleur moyen serait d’être né différent. D’être né autrement, j’aurais aimé. « Non, j’ai pas de don. » Sinon un handicap. « Il y a que les animaux qui m’aiment bien. » La fille, elle devrait peut-être pas partir, peut-être que je la convertirais ? Les athées, ça me plaît. Il faudrait qu’on lui mettre des bâtons dans les roues, qu’on ne lui autorise que le chemin parsemé de roches, pour les voir se plier maintenant, s’agenouiller même vers les mêmes forces divines dont ils niaient l’existence. « T’as pas la foi ? » Pause. « Tu préfères croire les hommes que croire en Dieu ? » Elle sera sûrement agacée d’entre ma voix glacée, et elle partira comme à chaque fois.  

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 Cerbère and Iska

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« Non, j’ai pas de don. » Je rigole, un vrai rire. Menteur. Bien sur qu'il a un don, qu'est ce qu'il ferait ici autrement ? À côté d'un énorme animal, en plus de ça ? Appelle moi conne aussi. Je le regarde, pas convaincue, sachant très bien qu'en fait il se fout de moi.  « Il y a que les animaux qui m’aiment bien. » continue, prends moi pour une débile. Décidément. Je m'assois sur un bout d'arbre, après avoir marché autant, ça fait du bien. Je le regarde, patiemment, et j'essaie de deviner son don. S'il ne parle pas avec les animaux, comment fait-t-il pour faire ce qu'il fais ? Avec son ami Neige, à côté de lui ? Je doute que ce même ami soit un ami d'enfance ou de longue date, ça doit être sa capacité qui l'a mené à lui, mais comment ? S'il parle pas aux bêtes, j'ai du mal à voir comment.. peut-être achète t-il leur affection ? Peut-être qu'il contrôle la partie du cerveau qui rends heureux ? Ou bien celle qui rend amical, et ainsi, il a la chance d'avoir les bêtes auprès de lui.. ? Aucune idée, et ça me tracasse. Je cherche, je cherche, mais rien. Puis il met fin à ma souffrance. « T’as pas la foi ? » Je le regarde, sans comprendre, mais il reprends rapidement, « Tu préfères croire les hommes que croire en Dieu ? » Je riais un peu, un rire sec et froid. Un rire qui lui montre ô combien sa question n'a aucun sens à mes yeux. Sa question est vaine. J'ai la réponse, bien évidemment, d'expérience. Sa voix est glacée, froide, mais je m'en moque. Pourquoi cela devrais-t-il m'arrêter ? La moindre des politesse c'est de répondre, au moins. « parce que tu crois en Dieu, toi ? », drôle d'être. Qui peut encore croire à cet être si inférieur à nous tous ? Dieu n'est rien, il ne peut rien faire pour nous et ne fais rien. « dis moi, il a fais quoi Dieu pour toi ? », je penche légèrement la tête, essayant de discerner n'importe quelle once de sentiment chez lui, la peur, la gène, l'outrance, n'importe quoi. Je riais un peu, ironique. « Il t'a donné ce don ? Ce truc qui te fais te cacher là, dans une forêt ? », je souris en coin. « Les hommes agissent pour leur semblables.. regarde, quelqu'un a crée ça pour nous. Tu vas me dire que c'est Dieu qui t'a amené ici pour que tu vive tout ça ? », je ris un peu. « c'est un poids.. tu verra que quand tu t'en détache, tu te sens plus libre.. », libre de faire ce qu'on veut. Tous ses interdits sont envolés, et c'que ça fait du bien. Bien sur que j'y ai cru, en Dieu. Et puis il m'a laissé tombé, alors j'ai arrêté de croire en quelqu'un qui ne croyais pas assez en moi.