saga, le pauvre et malheureux saga. il se glisse furtivement dans l'ascenseur, le dos posé contre le mur de celui-ci, il appuie promptement sur le niveau - 3. la sphère. il n'y a jamais personne. c'est le parfait endroit pour se réfugier de ce monde de malade, ce monde dont il pense n'avoir nullement besoin. il guette à droite, et à gauche en sortant de l'ascenseur, personne n'est ici. c'est bel et bien vide. il se faufile dans la sphère et retire rapidement sa veste en jean. saga bouillonne constamment, il a sans cesse chaud, et ici, la chaleur est étouffante. il souffle un bon coup avant d'avancer dans la sombre allée de plantes exotiques. accoudé sur une armoire en métal, il se laisse tomber au sol et enfouie sa petite tête qu'il veut tant cacher dans ses mains. seul. il est sans cesse seul ce gamin. c'est un incompris. et à vrai dire, il n'a jamais cherché à se faire comprendre. le silence pesant lui rappelle celui qui trônait dans l'église de sa ville. le Père Laurence. il sourit faiblement en se visualisant son visage carbonisé. il sourit tellement qu'il décide même de se relever. les plantes. c'est si inintéressant. quoi qu'en même temps, rien ne l'intéresse désormais. rien, c'est le vide complet depuis quelques années. il ne se sent même plus apte à éprouver ne serait-ce qu'un sentiment d'empathie. je suis un monstre. maugrée-t-il à voix basse. une larme coule. puis une autre. le ruissellement commence. il tente de lever la tête, de se calmer pour éviter tout accident mais il est bien trop tard, la petite plante carnivore qui se trouvait sous son visage commence à fumer. encore, et encore. toujours ce même stupide accident. il s'énerve, pointe ses mains sur la plante pour arrêter ce début d'incendie ; cette dernière le mord. il serre les dents et pleure encore plus. l'incendie commence petit à petit. il ne sait quoi faire. il reste spectateur devant ce feu qui s'anime. ces flammes le passionnent tellement.

Allongée, les yeux fermés, je ne pense à rien. C'est la magie de cette pièce. Une fois dedans, je me sens complètement libérée, comme si rien n'était grave, comme si tout allait bien. J'étais détendue, et mieux encore, je ne m'inquiétais pour rien du tout. Tout allait bizarrement bien. Allongée entre deux plantes, les yeux fermés, j'entends un bruit. L'ascenseur s'est arrêté ici.. c'est étrange, habituellement, personne ne viens là. Ils sont habituellement dans la salle de cinéma ou bien dans la salle de jeux, ou tout autre endroit autre que cette serre. J'ai limite envie d'accrocher une pancarte pour préciser que cette salle est mienne maintenant. Je l'entends entrer, avec ses pas lourds, toujours les yeux clos. Puis un murmure, un presque rien, inaudible « je suis un monstre. » nous sommes deux. J'espère qu'il va faire un tour et s'en aller, mais en fait c'est tout le contraire. Il se pose, et il.. j'ai du mal, je ne comprends plus rien. Je me décide finalement à sortir de ma détente, bien que ce fut déjà le cas à cause de son arrivée aussi discrète qu'un troupeau d'hippopotame, et le cherche des yeux. Il est là ; à quelques pas seulement. Je me redresse et le regarde, et une trace fine et légère de fumé s'évapore d'une des plantes. Je fronce les sourcils, et la fumée deviens plus épaisse, plus grasse. Qu'est ce qu'il est entrain de faire ? Il détruit la serre ? Je me redresse rapidement et fonce vers lui d'une manière assez brutale, « tu fous quoi ?! », ouais, ça me met en colère. Le seul endroit où je suis bien est entrain de se faire détruire par un type qui ne sait absolument pas se contrôler. Je le bouscule, alors que les plantes autour commence à prendre elle aussi, « arrête ça !  Dépêche toi avant que ça détruise tout ! » je le regarde, et soupire. «mais reste pas là ! » Je ne le laisse même pas le temps d'agir, quel inconscient. La colère monte tellement que je pousse brusquement de ses plantes là, afin qu'il se retrouve sur le passage en bois qui fait la longueur de la pièce. Le geste d'après est celui qui amène l'eau à ma main.. ou plutôt à trois mettre de ma main, bravo, j'ai encore quelques progrès à faire afin de gérer ce don. Je cours le récupérer et met de l'eau sur les plantes qui sont.. déjà mortes. Elles ne repousserons pas. Je venais de perdre un petit morceau de paradis. Je soupirais et allait vers lui. Je l'avais quand même bousculer assez violemment sans même me préoccuper de la douleur qui pouvais s'y accompagner. « hey je.. j't'ai pas fais mal ? », bien sur que si, j’espérais juste que par politesse il allait dire non, histoire qu'on évite la fausse excuse, le fameux 'j'ai pas fais attention à ma force' et tout le blabla qui s'y accommodait. Bien sur que j'avais pas fais attention, mais c'était un geste de colère. Comme s'il pouvais détruire mon coin sans en payer le prix.. « j'aimerais que.. t'approche pas trop les plantes à l'avenir parce que.. les gars qui gèrent le feu et les plantes, ça fait pas très bon ménage, tu vois ? », je le regarde, et cette fois ci je fais vraiment attention à qui il est. Mais, je l'ai déjà vu.. je le connais et.. et c'est pas l'élémentaire du feu son professeur.. décidément, j'y comprends plus rien. Je me laisse lentement tomber jusqu'à ce que mes fesses rencontrent le sol, et m’assoie en tailleur. « On s'est pas déjà vu ? » si ça avait été une technique de drague, ça aurait été la pire au monde. Heureusement, ce n'est pas le cas.

tu fous quoi ? saga tourne vivement sa tête sur la droite. une fille. que fait-elle ici ? elle crie, et il ne comprend rien. le feu prend de plus en plus d'importance et il reste statique, obnubilé par la magie qu'il a constitué. le brighton réagit seulement maintenant. une fille. le feu. il est mal. il est carrément dans la merde. quelqu'un est témoin de son énième gourde. il n'a pas le temps de penser à arrêter ce feu qu'il se retrouve propulsé au sol par une force invisible qu'il ne saurait décrire. sa tête frappe le plancher de l'allée d'une violence inouïe, mais ce n'est que minime comparé à ce qui l'attend. il reste néanmoins conscient du spectacle que la belle blonde lui donne. maniant visiblement une télékinésie difficilement gérable, elle réussit tout de même à arrêter le feu à l'aide de l'eau. le feu se meurt. la fumée embaume la pièce et ne permet pas à saga de mettre un nom sur le visage de la jeune fille. hey je.. j't'ai pas fais mal ? si. saga souffre. il souffre parce qu'elle l'a littéralement giclé au sol. mais comme à son habitude, il feint d'un air de rien en hochant négativement la tête. j'aimerais que.. t'approche pas trop les plantes à l'avenir parce que.. les gars qui gèrent le feu et les plantes, ça fait pas très bon ménage, tu vois ? lui susurre-t-elle en s'approchant venimeusement de lui. saga ne manipule pas le feu, il le génère sans véritablement faire exprès. mais il n'a pas le temps de lui dire qu'elle lui pose déjà une question.  On s'est pas déjà vu ? il pose alors ses deux yeux sur son visage et y reconnaît peu à peu un visage qui lui est presque familier. cette fille. cette fille, oui. c'est elle. le regard larmoyant, empli de détresse et transpercer par une souffrance des plus hargneuse, c'est elle. il la reconnaît. ouais, j'vois qui t'es. je te regarde dans le couloir quand tu passes devant moi. glisse-t-il alors qu'elle vient s'asseoir à ses côtés. saga ouvre intrépidement ses yeux après s'être répété sa phrase dans sa tête. par peur qu'elle puisse penser qu'il tente de la draguer, saga essaie d'en rajouter une couche. une couche malheureusement de trop. je te regarde, parce que tu me fais penser à.. tu me fais penser à.. à ma mère, ouais, à ma mère. saga enchaîne les conneries. cette fille n'est pas plus vieille que lui, la comparer à sa mère n'est pas véritablement un compliment. ma mère n'est pas.. n'est pas vieille, je le précise. le petit garçon baisse les yeux. il ne sait plus quoi dire. trop anxieux à l'idée de pouvoir parler à cette fille en particulier, il ne cesse de s’emmêler les pinceaux et fabuler des choses complétement dénuées de sens, pour ne pas dire connes. il se lève en s'appuyant sur ses mains et il lui tend sa main, pour l'aider à son tour. au fait, je ne gère pas le feu, j'suis en ether, tout comme toi à ce que j'ai compris. rajoute-t-il en regardant les plantes réduites en cendres mouillées.

Finalement, plus de peur que de mal. Il n'a pas fais cramer toute la serre, et je pense qu'en demandant, c'est possible de replanter quelque chose ici, en feignant une excuse de cigarette ou plus banal, de mutant incontrôlable. « ouais, j'vois qui t'es. je te regarde dans le couloir quand tu passes devant moi. », je le regardais, fronçant un peu les sourcils. hm.. ? Plaît il ? il me regarde, et tente de se rattraper, alors qu'un fin sourire se fait présent sur mes lèvres. « je te regarde, parce que tu me fais penser à.. tu me fais penser à.. à ma mère, ouais, à ma mère. », je ris un peu, « à ta mère ? », il s'enfonce, et c'est assez marrant parce qu'il s'en rends compte, et en plus il est tout gênée. Sa petite bouille lui donne un visage adorable, malgré le fait que la serre soit assez sombre. « ma mère n'est pas.. n'est pas vieille, je le précise. » son histoire me paraît quand même étrange, je suis tout l'inverse de lui, j'ai les yeux marrons et je suis blonde, alors qu'à l'inverse, ses yeux sont plus clairs et ses cheveux plus foncés. « pourquoi je te fais penser à elle ? », et wow, il est vachement discret ce gars, je n'avais jamais remarqué qu'il me regardais, sauf quand évidemment je le regardais aussi, ce qui arrivais tout de même assez souvent au final. Je sais pas pourquoi je m'amusais à le regarder, il avait cette chose dans ses yeux, et je me sentais proche de lui. Un peu comme si nous partagions la même douleur, chose qui n'est certainement pas le cas. À chaque fois que nos regards s’échangeaient, je voulais juste aller vers lui, prendre sa main, et l'emmener ailleurs. Lui montrer que le monde n'était pas aussi triste que ce que lui voyais, parce que sincèrement, pour venir ici et pleurer de l'acide, il en fallait de la tristesse. J'attrape la main qu'il me tends et me lève, en le regardant. « au fait, je ne gère pas le feu, j'suis en ether, tout comme toi à ce que j'ai compris. »  je souris et secouais la tête. « on croit tous ça mais en fait c'est l'air.. », je riais un peu en ajoutant, « j'te raconte pas ma déception quand j'me suis rendu compte que le prof d'ether n'était pas le mien.. », ouais, faut dire que ce professeur avait un sacré charisme. Il avait une sorte de présence qui faisait que même s'il disait une réelle connerie, tout le monde l'écoutait et semblait en accord avec cette même bêtise. « Je m'appelle Iska. », je lui souris de nouveau. Iska, tu sais ce nom dont on a l'impression qu'il est sorti tout droit du dessin animé 'frère des ours'.